Reportage et interview de Greg Décamps diffusée lors du journal France 24 (janvier 2021) au sujet de la détresse étudiante face au Covid.

Un message de soutien à partager en solidarité avec tous les étudiants :

NON ! Vous n’êtes pas une génération sacrifiée !

 

Depuis quelques semaines, dans ce contexte ayant révélé et exacerbé les problèmes de santé mentale chez les étudiants, je vois fleurir vidéos et articles présentant les étudiants comme une génération sacrifiée. Une génération qui n’aurait pas d’avenir ni le droit de rêver…
Mais qui sont donc ces bourreaux auto-proclamés qui ont décidé de désigner les étudiants comme modèle sacrificiel servant à révolter les consciences ?? De quel droit s’autorisent-ils à assombrir l’horizon des étudiants qui, pour certains, continuent non sans difficulté à porter un regard optimiste sur l’avenir ??
 
NON ! Les étudiants ne sont pas une génération sacrifiée et ne le seront pas.
 
Comme souvent en période de crise, la stratégie consistant à surfer sur les peurs et potentialiser les inquiétudes des étudiants trouve sa place dans ces déclarations et ces vidéos qui, si certaines ont le mérite d’alerter l’opinion et les pouvoirs publics sur la misère sociale et affective que subissent certains étudiants, deviennent de plus en plus insupportables de suffisance moraliste.
À devenir récurrents, les propos tenus dans ces articles ou vidéos pourraient même donner l’impression que les étudiants n’auraient pas les ressources psychologiques nécessaires pour faire face à l’adversité et encore moins à ce contexte que nous subissons tous. Pourtant, de tous temps, les étudiants, et plus globalement la jeunesse, a toujours été une source et un modèle d’inspiration quant à la façon d’associer créativité, spontanéité, festivité et insouciance pour faire face aux tracas quotidiens et événements de vie majeurs.
 
Je ne supporte plus ces discours pessimistes dont le seul effet est d’assombrir les pensées des étudiants sans leur procurer la moindre forme d’aide ou d’espoir.
Si insuffisants que soient les dispositifs nationaux ou ceux récemment mis en place dans les universités, ils ont maintenant le mérite d’exister. Certains diront qu’il s’agit peut-être d’une goutte d’eau dans la mer, mais je me refuse à ce que certains laissent croire aux étudiants qu’ils vont forcément se noyer.
 
Aux étudiants :
Ne laissez pas ces oiseaux noirs vous démoraliser en les écoutant vous prédire, tel Nostradamus, un avenir incertain jonché de catastrophes hypothétiques à venir. Vos universités se mobilisent, comme elles le peuvent, pour trouver de nouvelles solutions, encore plus concrètes, afin de vous aider dans vos difficultés quotidiennes, qu’elles soient matérielles, financières, sociales ou médicales. Si ces aides ne vous sont pas parvenues, vous ne devez pas pour autant vous considérer comme non concerné ou non prioritaire. Contactez tous les services universitaires de votre entourage pour ne manquer d’aucune aide ni information. Ces informations pourront également vous aider à aider les autres étudiants de vos promos.
Quant à qualité de vos diplomes, les équipes pédagogiques qui vous accompagnent déploient tout ce qui peut etre fait pour que vous puissiez bénéficier de tous les contenus d’enseignement que vous êtes en droit d’attendre du fait de votre inscription, au nom du principe fondamental de continuité pédagogique. Tant bien que mal, ces équipes pédagogiques feront en sorte que vous n’ayez jamais à rougir d’annoncer que vous avez été diplômé en 2020 ou 2021, et que cela puisse même être votre fierté.
 
Aux agitateurs, qui contribuent à saper le moral des étudiants :
Pensez vous que d’aider ou d’inciter les étudiants à s’apitoyer sur leur situation soit une bonne façon de les aider ? Avez vous des solutions responsables pour les aider à trouver ou bénéficier de nouvelles ressources pour faire face à cette situation difficile ?
Si la précarité dans laquelle se trouvent certains étudiants s’est indéniablement accrue, vous serez sûrement plus utiles en allant à leur contact, en tentant de rompre le sentiment d’isolement qui les envahit qu’en étant connectés à attendre followers et retweets pour mesurer la popularité de votre indignation. A trop dénoncer la fracture numérique chez les étudiants, vous en oubliez que les plus précaires n’auront jamais le « plaisir » de voir vos vidéos indignées publiées dans le but de les soutenir, et que ces mêmes vidéos contribuent au mal-être étudiant que vous dénoncez.
 
La bienveillance et la solidarité l’emporteront, je l’espère, sur les discours pessimistes sapant le moral de nos étudiants pour lesquels nous avons de hautes ambitions, académiques certes, mais également sociétales au vu du rôle que cette génération d’avenir est amenée à jouer.
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