Le 23 janvier 2024, l’Association des étudiants en Psychologie de la santé de Bordeaux (EPSAB) organisait une conférence sur le thème « Violences sexuelles, trauma et réparation ». Retour sur les contenus et moments forts de la soirée.
L’intervention de G.Décamps a permis de revenir sur les actions et contributions de deux sportives françaises ayant agi en dénonçant des agissements de violence sexuelle : Catherine Moyon de Baecque et Isabelle Demongeot, dont les parcours sont respectivement connus sous les noms d’Affaire des lanceurs de marteaux et d’Affaire De Camaret.
La conférence a également permis de revenir sur les chiffres et statistiques de l’Observatoire National des Violences faites aux Femmes présentés récemment lors des journées de la MIPROF (Mission interministérielle de protection des femmes face aux violences et de luttre contre la traite des êtres humains).
Ces chiffres ont le mérite d’interpeler tout auditoire, y compris les mieux informés sur le sujet, tant ils permettent de faire la démonstration du nombre incroyablement important de violences physiques et sexuelles auxquelles sont exposées les femmes chaque année. A titre d’exemple parmi les chiffres les plus éloquents : en la seule année 2022, près de 38000 accusés ont été condamnés pour des faits de violence physique ou sexuelle. Ce chiffre, qui représente environ 100 condamnations par jour, est évidemment à reconsidérer (et majorer) compte tenu du fait que près de la moitié des affaires portées devant la justice sont classées sans suite (faute d’éléments suffisamment probants pour permettre la mise en examen des accusés) et que près de 3 femmes sur 4 ayant été exposées à des violences font un choix qui les amène (ou sont contraintes) à ne pas signaler leur situation aux autorités compétentes.
La conférence a permis de présenter / rappeler que le site gouvernemental « Arrêtons les violences » fournit nombre d’éléments d’information, d’aide et d’orientation, que ce soit pour les victimes de violences, les professionnels amenés à prendre en charge ces victimes, mais également les témoins de situations de violences chez lesquels d’importantes répercussions traumatiques sont parfois observées également.
Ces questions liées au psychotrauma ont permis de revenir sur les principaux mécanismes sur lesquels il repose : la sidération, la dissociation traumatique, et la mémoire traumatique, en s’appuyant sur les propos de Muriel Salmona, spécialiste de la question.
Enfin, des discussions se sont engagées sur les questions liées aux différentes étapes et aux événements inhérents au parcours juridique par lequel passent les victimes s’engageant dans une procédure de dénonciation et réparation. La préparation psychologique liée à ces étapes, parfois très traumatisantes (encore plus que les agissements initiaux pour reprendre les propos relatés par certaines victimes), est actuellement fort insuffisante, compte tenu du manque flagrant de formation des professionnels juridiques à ce sujet, mais également du manque de connaissance de la part des psychologues vis à vis des étapes administratives et juridiques jalonnant le cheminement vers la reconstruction. Ces discussions se sont notamment appuyées sur le parcours juridique qui a été celui d’Isabelle Demongeot (voir illustration ci après issue de la conférence de G.Décamps).
A noter que divers reportages reposant sur le récit de victimes de violences sexuelles dans le sport, ou d’analyses d’experts du milieu sportif relatives à la façon dont le fonctionnement des organisations sportives favorise, tolère ou dissimule la survenue de violences sexuelles sont consultables en ligne.
Un grand merci aux étudiants de l’association EPSAB pour avoir pu consacrer la première conférence de leur cycle 2024 à ce sujet !